Alors, pourquoi suis-je venue vous voir ?
Voilà. J’ai traqué ce Cauchemar dans deux ou trois Fils. Je l’ai poursuivi dans un hôpital sombre aux murs suintants de désespoir, je l’ai poursuivi dans une forêt dont les branches basses fouettaient de sang mes joues, puis je suis arrivée dans un ciel de guerre, parcouru de zeppelins erratiques. Il m’a fallu un moment pour réaliser que ce n’était pas, en fait, un rêve de guerre. Les dirigeables ne se tiraient pas dessus, ils étaient comme désaccordés, ils n’avaient plus de trajectoire ni de navigateurs, ils avaient la course hasardeuse de bateaux dans la tempête. S’ils se heurtaient parfois, c’était par aveuglement.
J’ai dû redescendre vers le sol pour les éviter, et je pensais qu’il serait facile de retrouver la piste. Mais l’unique chemin, pâle dans la nuit, se divisait en trois branches qui serpentaient dans les collines. Je suis restée plantée un moment au carrefour. Je connais les cauchemars, Professeur. Leur odeur, leurs chuintements, leurs pièges. Mais à ce carrefour, il n’y avait rien, même à mes yeux de Chasseresse.
Voilà pourquoi je suis ici. Ne me parlez pas de symbolisme, ni des trois visages d’Hécate, je ne suis pas complètement idiote, et j’ai suivi vos cours, après tout. Dites-moi seulement quel chemin suivre.
— Je vais avoir du mal à esquiver les Grecs, Sam. N’es-tu pas venue me voir comme on va à l’Oracle, au carrefour des routes d’Aulie et de Delphes ?
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