La plus tenace des légendes sur les vaisseaux fantômes est peut-être celle qui s’est attachée au Capitaine Edwin Horwendillus, dont le navire a été perdu dans de si étranges circonstances et dont le corps n’a jamais été retrouvé. On le représente, ni mort ni vivant, dans un navire qui passe du présent au passé, et parfois même au futur.

En témoigne par exemple ce lai anonyme.

Je vogue là

Entre l’espace et le temps

Toujours-errant

Pour moi ne sonne aucun glas

 

J’ai oublié

Quels mots de chair et de sang

Dire à l’enfant qui m’attend

Sans l’abîmer

 

Et je dérive

Des souvenirs qui m’embrument

Aux grands cétacés d’écume

Aux glaces vives

 

J’ai vu pourtant

Les matelots décimés

La femme d’ombre et d’acier

A l’œil ardent

 

La vague haute

Sur la cité fracassée

Et mille fois répétée

La même faute

 

J’ai vu le phare

Avant les âmes perdues

J’ai vu les vaisseaux rompus

Avant l’amarre

 

Quand les sirènes

Ne chantent que l’hallali

Quand les siècles se délient

Et que l’haleine

 

De quelque monde oublié

Gonfle mes voiles

Alors j’irai m’amarrer

Dans les étoiles.